Analyse de l'hiver
12 octobre 2021
– Une étude qualitative, qui balayera les différents scénarios envisageables
– Une étude quantitative qui mettre en musique certains de ces scénarios, avec l’aide d’historiques météo
N.B. : nous ne nous intéresserons ici qu’aux marchés de gros, faisant l’impasse – volontairement – sur les mécanismes mis en place pour réduire l’impact de cette crise sur la facture du consommateur final.
Gaz
Le gaz est bien sur l’acteur principal de cette envolée des prix qui, rappelons-le, avait commencé avant la hausse exponentielle de ces dernières semaines. Comme souvent lors d’un mouvement si brutal c’est une combinaison de facteurs qui s’accumulent et il suffit d’une étincelle pour mettre le feu aux poudres :
– Niveau de stockage historiquement faible, après un hiver 2020/2021 plutôt rigoureux
– Forte demande asiatique, détournant les cargos de LNG de l’Europe
– Guerre de communication avec Moscou, qui souffle le chaud et le froid sur sa volonté et capacité à augmenter ses exportations vers l’Europe
– Production renouvelable faible pendant l’été, ayant augmenté la demande en Gaz
Les marchés sont donc nerveux, fortement volatiles, et bien souvent les mouvements sont exacerbés par des évènement de crédit qui forcent certains acteurs à fermer leurs positions en catastrophe, ou au contraire à acheter des couvertures « à tout prix ». La chute de plusieurs fournisseurs au Royaume-Uni en est l’illustration.
L’approvisionnement semble assuré à température normale, avec une petite marge de manœuvre en cas de froid. En tout état de cause.
Charbon
Avec la forte hausse du prix du gaz, la production d’électricité à base de charbon et devenu plus économiques que celle à base de gaz, entrainant ainsi une forte hausse de la demande. Les prix de marché ont ainsi naturellement emboité le pas de ceux du gaz pour atteindre des plus hauts historiques.
CO2
Orienté à la hausse depuis plusieurs mois, ce qui avait permis de progressivement sortir les centrales charbon du merit order, le CO2 est paradoxalement la commodité qui est restée la plus sage lors de l’emballement récent du marché, oscillant entre 60 et 65 €/t.
Les fondamentaux de marché restent solides, avec une forte confiance dans la volonté politique au niveau Européen d’utiliser le mécanisme ETS comme signal de décarbonation.
Et l’électricité dans tout cela ? Circulez, y’a rien à voir !
Derrière cette boutade, se cache une quasi-réalité, cette crise est une crise du gaz, qui impacte les prix de l’électricité, mais elle n’est pas une crise de l’équilibre offre/demande qui serait synonyme de tensions sur les systèmes.
Pour résumer, Le destin du prix de l’électricité est donc dans celui du gaz, en tout cas pour cet hiver 2021-2022.
Début 2022 le retrait de certaines capacités de production en Allemagne créera indubitablement quelques tensions, en particulier en cas de faible production renouvelable. L’Allemagne pourrait avoir plus de difficultés à exporter vers ses pays voisins que lors des hivers précédents.
On parle beaucoup ces derniers temps de la faible production éolienne en Europe en 2021, c’est un fait indéniable, mais nous nous garderons bien de faire des extrapolations pour le futur proche et de lier cette situation au changement climatique.
Après ces explications qualitatives, à quoi s’attendre concrètement ? Nous allons ici prendre le risque d’élaborer quelques scénarios. Plus précisément nous rejouerons les 10 derniers hivers (Novembre à Mars) : nous utiliserons la météo constatée, et appliqueront capacité renouvelable, disponibilité des centrales et prix des combustibles actuels.
Quelles sont les conclusions :
– En l’absence de gros aléas sur le parc de production, et malgré d’importants exports vers le Royaume-Uni, et une probable diminution des imports depuis l’Allemagne, l’approvisionnement en électricité en France devrait être assuré, et ce même à des températures sous les normales de saisons.
– Dans un scénario similaire à celui de l’hiver 2012, La France n’évitera cependant pas quelques pics de prix sur les marchés spot.
– L’amplitude des écarts entre les différents scénarios est très importante. A titre d’exemple, pour le mois de février, notre scénario le plus défavorable, basé sur la météo de 2012 prévoit un prix à 290 €/MWh, quand le scénario le plus favorable, basé sur la météo de 2014, prévoit un prix à 245 €/MWh.
Vous trouverez ci-dessous une représentation graphique de nos scénarios pour l’hiver 2021-2022 (novembre à mars).
Avertissement : cette simulation a été réalisée avec les prix du gaz du lundi 11 décembre.
N’hésitez pas à nos contacter pour construire des scénarios personnalisés (baisse ou hausse du prix du gaz, par exemple) autour de ces scénarios météo.
Emeric de Vigan
Président & fondateur, COR-e
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